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Red, White & Royal Blue

Casey McQuiston

J’ai fait une nuit blanche à cause de ce livre. Il m’a également rappelé une chanson de Sleeping With Sirens, mais c’est un détail. J’apprécie ce livre pour les mêmes raisons que j’apprécie They Hate Each Other. Les chamailleries et la tension sexuelle, bref, vous voyez.

J’ai choisi ce passage parce que c’est le premier qui m’est venu à l’esprit quand je me suis dit que je pourrais en traduire un bout. En toute honnêteté, cette traduction m’a donné beaucoup de fil à retordre. Chaque mot a un rôle crucial et des nuances qui sont difficiles à retranscrire en français de manière concise. À mes yeux, du moins.

version originale

anglais

Alex starts to laugh, but cuts off when he hears rustling down the hall.

Quiet footsteps approaching. Princess Beatrice lives in a different section of the palace, and so does Henry. The PPOs and his own security sleep on this floor though, so maybe—

“Hold on,” Alex says, covering the speaker.

A light flicks on in the hallway, and the person who comes padding into the kitchen is none other than Prince Henry.

He’s rumpled and half awake, shoulders slumping as he yawns. He’s standing in front of Alex wearing not a suit, but a heather-gray T-shirt and plaid pajama bottoms. He has earbuds in, and his hair is a mess. His feet are bare.p>

He looks, alarmingly, human.

He freezes when his eyes fall on Alex perched on the countertop. Alex stares back at him. In his hand, Nora begins a muffled, “Is that—” before Alex disconnects the call.

Henry pulls out his earbuds, and his posture has ratcheted back up straight, but his face is still bleary and confused.

“Hello,” he says, hoarse. “Sorry. Er. I was just. Cornettos.”

He gestures vaguely towards the refrigerator, as if he’s said something of any meaning.

“What?”

He crosses to the freezer and extracts the box of ice cream cones, showing Alex the name Cornetto across the front. “I was out. Knew they’d stocked you up.”

“Do you raid the kitchens of all your guests?” Alex asks.

“Only when I can’t sleep,” Henry says. “Which is always. Didn’t think you’d be awake.” He looks at Alex, deferring, and Alex realizes he’s waiting for permission to open the box and take one. Alex thinks about telling him no, just for the thrill of denying a prince something, but he’s kind of intrigued. He usually can’t sleep either. He nods.

He waits for Henry to take a Cornetto and leave, but instead he looks back up at Alex.

“Have you practiced what you’ll say tomorrow?”

“Yes,” Alex says, bristling immediately. This is why nothing about Henry has ever intrigued him before. “You’re not the only professional here.”

“I didn’t mean—” Henry falters. “I only meant, do you think we should, er, rehearse?”

“Do you need to?”

“I thought it might help.” Of course, he thinks that. Everything Henry’s ever done publicly has probably been privately rehearsed in stuffy royal quarters like this one.

Alex hops down off the counter, swiping his phone unlocked. “Watch this.”

He lines up a shot: the box of Cornettos on the counter, Henry’s hand braced on the marble next to it, his heavy signet ring visible along with a swath of pajamas. He opens up Instagram, slaps a filter on it.

“‘Nothing cures jet lag,’” Alex narrates in a monotone as he taps out a caption,“‘like a midnight ice cream with @PrinceHenry.’ Geotag Kensington Palace, and posted.” He holds the phone for Henry to see as likes and comments immediately pour in. “There are a lot of things worth overthinking, believe me. But this isn’t one of them.”

Henry frowns at him over his ice cream.

“I suppose,” he says, looking doubtful.

“Are you done?” Alex asks. “I was on a call.”

Henry blinks, then folds his arms over his chest, back on the defensive.

“Of course. I won’t keep you.”

As he leaves the kitchen, he pauses in the doorframe, considering.

“I didn’t know you wore glasses,” he says finally.

He leaves Alex standing there alone in the kitchen, the box of Cornettos sweating on the counter.

traduction

Alex s’esclaffe, puis s’interrompt à l’entente de bruissements dans le couloir.

Des bruits de pas feints se rapprochent de lui. Princesse Beatrice vit dans une autre aile du palais, Henry aussi. En revanche, les APR et ses propres gardes du corps séjournent au même étage que lui, alors peut-être que…

« Deux secondes », impose Alex en couvrant le haut-parleur de son téléphone.

Une lumière s’allume dans le couloir et la personne qui déboule dans la cuisine n’est nulle autre que Prince Henry en personne.

Le voilà à moitié éveillé, les traits plissés, les épaules relaxées, en plein bâillement et planté là, devant Alex, vêtu non pas d’un costume, mais d’un t-shirt gris chiné et d’un pantalon de pyjama à carreaux. Il a les cheveux en bataille, une paire d’écouteurs plantée dans les oreilles. Ses pieds sont nus.

C’est alarmant ô combien il a l’air normal.

Il pose les yeux sur Alex, perché sur le plan de travail, et se raidit. Alex le dévisage en retour. Au creux de sa main, la voix étouffée de Nora a le temps de dire, « ça serait pas… » avant qu’Alex ne lui raccroche au nez.

Henry se sépare de ses écouteurs et sa posture est droite, comme remontée d’un cran, malgré son air troublé et confus qui demeure.

« Bonsoir », dit-il, la voix rauque. « Désolé. Euh. Je venais juste. Cornetto. »

Il fait un geste vague en direction du réfrigérateur, comme si ce qu’il venait de dire avait du sens.

« Quoi ? »

Il marche jusqu’au congélateur et en extirpe le carton de cornets de glace, désignant à Alex le mot Cornetto écrit sur la boîte. « Je suis à cours. Je savais qu’il y en avait en réserve ici.

— Tu pilles la cuisine de tous tes invités ? demande Alex.

— Seulement en cas d’insomnie », répond Henry. « C’est-à-dire, tout le temps. J’pensais pas que tu serais debout. » Il fixe Alex, déférent, jusqu’à ce qu’Alex comprenne qu’il attend sa permission pour ouvrir la boîte et se servir. Alex voudrait lui dire non, juste pour le plaisir de refuser quelque chose à un prince, mais la situation est bien trop intrigante. Lui aussi, est abonné aux insomnies. Il hoche la tête.

Alex s’attend à ce que Henry prenne un Cornetto et s’en aille, mais ce dernier repose son attention sur lui à la place.

« As-tu répété ce que tu allais dire demain ?

— Oui », déclare Alex, irrité en un battement de cils. Voilà pourquoi rien chez Henry n’a su piquer son intérêt jusqu’à présent. « T’es pas le seul expert en la matière.

— Mais non, je… », hésite Henry. « Je veux dire, est-ce que tu pense qu’on devrait, euh, répéter ensemble ?

— T’en as besoin ?

— Ça pourrait aider. » Ça va de soi, qu’il pense ça. Il est presque certain que toutes les apparitions publiques de Henry ont été répétées au préalable, dans une aile royale aussi étouffante que celle-là.

Alex saute du plan de travail en balayant l’écran de son téléphone pour le déverrouiller. « Regarde bien. »

Dans son cadre, il capture : la boîte de Cornetto sur le plan de travail, la main de Henry posée sur le marbre juste à côté, sa grosse chevalière en évidence, en plus d’un bout de pyjama. Il ouvre Instagram ensuite et habille le cliché d’un filtre.

« Rien de mieux pour remédier au jet lag », narre Alex sur un ton monotone en tapant sa légende, « qu’un festin de minuit avec @PrinceHenry. Localisation, Palais de Kensington, et publié. »

Il tourne son écran vers Henry pour lui montrer l’afflux instantané de mentions j’aime et de commentaires. « Y’a des tas de choses qui méritent d’être ruminées à mort, tu peux m’croire. Mais pas ça. »

Henry dissimule son air renfrogné derrière sa glace.

« Sans doute…, fait-il, visiblement dubitatif.

— C’est tout ? », demande Alex, « j’étais au téléphone. »

Henry cligne des yeux, puis croise les bras, de nouveau sur la défensive.

« C’est tout. Je te laisse tranquille. »

Alors qu’il s’apprête à quitter la cuisine, Henry s’arrête sur le seuil de la porte, pensif.

« Je savais pas que tu portais des lunettes », finit-il par dire.

Il laisse Alex dans la cuisine, qui reste immobile, en tête à tête avec la boîte transpirante de Cornetto sur le plan de travail.

français

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